BLOCKCHAIN : PRINCIPES ET APPLICATIONS POUR LES ENTREPRISES

blockchain en entreprise
11 Oct 2022

Le 22 septembre 2022, Bertrand Grimm, Associé Valtus, accueillait deux invités pour échanger autour des principes et des applications de la blockchain pour les entreprises. Philippe Guguen, CEO de Map Emulsion et fondateur du projet Sorga et Agnès Hugot, Membre du Comité exécutif Groupe Polylogis. Retour sur un moment riche en informations et en découvertes, à voir ou à revoir en replay sur notre site.

Quelques rappels sur les grands principes de la blockchain

La blockchain : un sujet important

Le rapport de Cédric Villani, publié en juin 2018, illustre l’importance de la blockchain : « Les blockchains permettent des échanges décentralisés et sécurisés, sans qu’il n’y ait besoin d’un tiers de confiance ».

Parmi les limites soulevées par la technologie blockchain, sont notamment évoqués les points suivants :

  • La capacité à monter en charge
  • La consommation énergétique
  • Les défauts majeurs
  • La légalité des données
  • Etc.

Les questions que pose le rapport Villani sont, elles aussi, nombreuses. Elles sont d’ordre juridique et concernent les données personnelles, la souveraineté, la concentration des « fermes », la fiscalité…

En parallèle, les perspectives sont considérables. En juin 2018, on comptait plus de 1 600 cryptomonnaies. En introduction de ce webinaire proposé par Valtus, Bertrand Grimm rappelle également le cas de l’Estonie, qui a économisé 1 400 ans/homme et gagné 2 % de PIB grâce à son service public digital / blockchain.

Éléments de vocabulaire

Si tous les termes de vocabulaire liés à la blockchain n’ont pu être évoqués dans ce webinaire, Bertrand Grimm a souhaité partager ceux qu’il faut connaître pour mieux appréhender le sujet.

  • Les blocs : espaces virtuels de stockage de l’information
  • Les nœuds : les ordinateurs reliés au réseau blockchain
  • Les registres : les fichiers sur votre ordinateur et stockés sur la blockchain (tableau Excel, document Word, contrat, etc.)
  • Les mineurs : les « comptables publics » qui s’assurent du bon déroulement des transactions sur la blockchain. Lorsqu’une transaction est effectuée, chaque mineur reçoit une copie de chaque registre contenu dans un bloc. En ce sens, la blockchain est « distribuée », car les données sont dupliquées partout dans le monde, améliorant ainsi la sécurité du système.
  • Le minage : action de valider les transactions grâce à la résolution d’un algorithme est de créer les blocs associés à la blockchain
  • Les fermes de minage : principalement concentrées dans les pays froids (interdit en Chine depuis 2021)
  • Blockchain publique : plus ou moins ouverte à tous
  • Blockchain privée : accès restreint et présence d’un régulateur.

La blockchain : une définition synthétique

Résumant les grands principes de la blockchain, Bertrand Grimm nous rappelle qu’il s’agit :

  • D’une source chronologique d’informations ineffaçables, unique, publique et construite avec des mesures de sécurité très élevées (+ horodatage, comme pour le Bitcoin où cela est effectué toutes les 10 minutes).
  • Les données sont décentralisées (dupliquées sur des dizaines de milliers d’ordinateurs déclarés disponibles pour la blockchain, que l’on appelle des « nœuds »), permettant une accessibilité, une transparence et une gouvernance en temps réel entre plusieurs parties.
  • Il n’y a pas de « super admin » ni de régulateur ; le système est « auto-orchestré ».
  • Toutes les modifications successives données sont documentées, préservant l’intégrité et la confiance.

La notion de certification de registres

Le principe de la blockchain est le suivant : plus elle est utilisée, plus elle est sécure.

La première blockchain, la plus robuste et universelle aujourd’hui, est le Bitcoin. Elle a été créée en 2008. On en compte aujourd’hui plusieurs dizaines de milliers. Chacune d’entre elle utilise une monnaie virtuelle pour rémunérer les personnes mettant leurs ressources informatiques à disposition du procédé pour qu’il fonctionne (les mineurs sont rémunérés par celui qui demande à ancrer ses informations). Cette monnaie est ensuite devenue objet de transactions, de spéculation : la cryptomonnaie. Par extension, « Bitcoin » désigne à la fois le nom de la première blockchain et sa cryptomonnaie.

Les principales qualités de la blockchain

Bertrand Grimm rappelle les 4 principales qualités de la blockchain :

  • Résilience
  • Désintermédiation
  • Intégrité
  • Traçabilité

Les domaines d’application de la blockchain

L’étendue des domaines d’application de la blockchain laisse envisager les perspectives qu’elle offre aux entreprises. Parmi les exemples cités par Bertrand Grimm, l’industrie automobile, le service public, la santé, l’assurance, l’énergie, l’immobilier, le sport, le divertissement, l’e-commerce, la finance, la supply chain…

SORGA : exemple d’application de la blockchain en retail

Philippe Guguen, CEO de Map Emulsion et fondateur du projet SORGA, est le premier à prendre la parole pour présenter un exemple d’application de la blockchain en retail.

Le projet SORGA a notamment été présenté à l’occasion de la French Tech d’Aix-Marseille. Il est basé sur une ambition simple : répondre à des problématiques autour de la consommation responsable. « Aujourd’hui, les gens n’achètent plus simplement parce qu’une marque se montre responsable de l’environnement », affirme Philippe Guguen. « Il s’agit donc de fournir des preuves vérifiables et signées de leurs auteurs pour pouvoir aider le consommateur à bien choisir ».

Pour illustrer la manière dont la blockchain peut entrer dans le quotidien des consommateurs, Philippe Guguen retrace l’histoire de l’accès aux informations produit. Au XIXe siècle, les informations étaient présentes sur les étiquettes des produits. Dans les années 2000, le consommateur a eu accès à des informations standardisées via son smartphone. Aujourd’hui, les Sorga tags équipent les produits d’un passeport numérique inviolable. Ils sont ainsi différents les uns des autres et contiennent des informations relatives aux engagements de la marque quant à l’origine, la matière et autres données essentielles pour le consommateur. Chaque information est signée par son auteur dans la blockchain.

L’application en retail présente un intérêt avant et après l’achat pour plusieurs raisons. Philippe Guguen évoque notamment :

  • Éviter le greenwashing : il s’agit de présenter un marketing étique et authentique, plutôt que de vouloir vendre en mettant en avant le côté environnemental ;
  • La transparence : l’idée est de donner des informations réelles et vérifiées aux consommateurs
  • La traçabilité
  • La contrefaçon : il s’agit de donner les clés de lecture pour observer certains détails du produit afin de vérifier s’il est authentique ou non.
  • Le CRM on pack permet de découvrir la vie du produit après l’achat, c’est-à-dire une fois que le client en est propriétaire. C’est le consommateur qui crée son histoire avec le produit pour ensuite générer un échange direct avec la marque. Lorsqu’il cède le produit, il cède son passeport également.
  • La seconde main

Le fondateur du projet SORGA précise que l’intérêt du système est actuellement lié aux produits retail, notamment dans les secteurs de la mode et la beauté. En parallèle, des propositions émanent de la part d’autres secteurs. Il faut, en effet, comprendre que le système Sorga apporte une réponse à trois champs d’utilisation :

  • La confiance (preuve d’authenticité, CRM, Web3)
  • La traçabilité (étapes de fabrication, marché gris, supply chain)
  • La transparence (preuve des engagements RSE, histoire du produit)

À travers le passeport inviolable, il s’agit de montrer un produit avant et après l’achat, grâce à des éléments comme un identifiant unique, des preuves d’intégrité, une déclaration de propriétaire, un programme de fidélité… Philippe Guguen explique que l’ensemble des contenus proposés répond à des logiques supply, marketing et industrielles.

Sorga permet à tous les auteurs d’alimenter la page produit via le système. La sécurisation, soit la lutte contre le faux, est au cœur des préoccupations de son entreprise. Ceci est également applicables aux faux avis, qui semblent avoir explosé depuis le début de la pandémie de la Covid-19. Le principe de la blockchain, comme l’explique Philippe Guguen, « est basé sur la traçabilité et la façon de savoir qui dit quoi et quand, pour travailler à visage découvert et être plus sécure ».

Les technologies que l’entreprise développe actuellement sont concrètes et correspondent à l’usage des produits du quotidien, notamment les parfums et cosmétiques, les produits de mode et la maroquinerie.

L’impact énergétique de la solution Sorga a également été évalué. Il en résulte trois éléments :

  • Sobriété énergétique : Traitement et vérification locale des fichiers, ancrages blockchain mutualisés
  • Pérennité : Preuves cryptographiques embarquées dans les fichiers
  • Souveraineté digitale : Enregistrement de traces, les données restent chez le client, hébergement souverain

Fast Track Trade : le commerce au-delà des frontières

Agnès Hugot, Membre du Comité exécutif Groupe Polylogis et cofondatrice de Fast Track Trade, intervient en deuxième partie de ce webinaire proposé par Valtus. Elle commence par évoquer la notion de confiance. « La blockchain n’appartient pas à une entité en particulier » explique Agnès Hugot. Pour illustrer ses propos, elle évoque l’expérience malheureuse de sa propre cofondatrice, prise au dépourvu lors de l’achat d’une centaine d’écharpes en soie provenant d’Inde. Une expérience qui a occasionné un échange d’argent, mais aucune livraison des produits commandés.

Agnès Hugot évoque l’importance des millennials dans ce qu’elle appelle les « millennial economies ». Les 16-35 ans représentent 60 % de la population totale. L’évolution de l’e-commerce est de l’ordre de 20 % par an. Il s’agit d’un segment avec lequel il faut composer, au même titre que certaines réalités comme la pénétration du téléphone portable, supérieure à 60 %, ainsi que les paiements par carte bancaire qui représentent moins de 5 % des transactions globales.

Les acteurs des « millennial economies » opèrent sur des plates-formes comme Instagram et Facebook. C’est à partir de ces mêmes plates-formes qu’ils développent leur business et leur identité. « Tant que les entreprises n’ont pas établi de système de confiance permettant d’identifier qui est qui, de prendre acte, de s’identifier, il continuera à y avoir des problèmes de transactions financières dans le monde », affirme Agnès Hugot.

Illustrant ses propos par des chiffres, elle évoque l’ampleur des problèmes comme suit :

  • Déficit financier mondial de 1,5 trilliard de dollars, soit le même montant de valeur commerciale non réalisée
  • 40% dans la région APAC, 30 % en Afrique et 20 % en Europe
  • 74 % des transactions financières commerciales rejetées sont celles des PME
  • 10% de transactions financières commerciales supplémentaires créent 1 % d’emplois supplémentaires

En ce sens, pour Agnès Hugot, la blockchain est un véritable facteur de développement économique dont les États sont conscients. À Singapour et dans les pays émergents, il n’existe aucune plate-forme sécurisée qui permette d’entamer des discussions commerciales avec les partenaires référencés. La cofondatrice de Fast Track Trade évoque notamment les spécificités locales, par exemple les registres locaux qui, pour être consultés, nécessitent de faire appel à un intermédiaire. Ce système ne peut être mis à l’échelle en tant que plate-forme de commerce et c’est pourquoi Fast Track Trade se présente comme une solution intéressante.

Fast Track Trade (FTT) est une plate-forme avec des API ouvertes qui :

  • Permet à chaque PME de se connecter, d’effectuer des transactions et de payer, dans son propre pays comme à l’international,
  • Enregistre les transactions des PME qui, jusque-là, étaient exclues de tout financement,
  • Met en place des standards pour la sécurité des données, la traçabilité et la transparence,
  • Crée des économies entièrement digitales

La finalité de la plate-forme FTT est de résoudre les défis des PME :

  • Se trouver mutuellement
  • Accéder aux paiements et aux systèmes ERP
  • Sécuriser le financement
  • Rendre les transactions visibles
  • Protéger les acteurs principaux et les actifs commerciaux

Agnès Hugot explique que l’application FTT est simple à utiliser : en quatre clics, il est possible de valider une commande, payer de manière digitale et sécurisée. Derrière le système, huit fintechs assurent le déroulement des transactions financières.

Avec l’interface mobile, la plate-forme Fast Track Trade fédère les utilisateurs, les flux et les process de manière fluide à tous les niveaux. Onboarding, contacts, transactions commerciales, financement : elle intègre tous les éléments permettant aux PME d’effectuer des échanges commerciaux.

Le système a été présenté à Singapour en 2019 et se montre capable d’être déployé sur n’importe quel programme. À ce titre, l’Organisation mondiale du Commerce a demandé à l’équipe d’Agnès Hugot d’intervenir à plusieurs reprises pour parler de la plate-forme et la comparer aux autres solutions disponibles. Depuis 2020, FTT fait partie de la league table de l’OMC.

Partant du principe qu’il s’agit de faciliter la vie des consommateurs et des entrepreneurs pour les opérations de commerce, Fast Trask Trade met en avant l’utilisation de l’application et non pas l’explication de la technologie sur laquelle elle repose.

Le lancement de FTT a eu lieu à Singapour, juste avant la crise de la Covid-19. Au fur et à mesure que les économies se fermaient, en raison de la situation sanitaire, les demandes ont augmenté. « Nous avons vu de l’intérêt de la part des chambres de commerce. En réalité, Fast Track Trade est une chambre de commerce digital. C’est un outil qui permet de commander, de facturer et de payer de manière sécurisée ».

Échanges autour de la blockchain

Les présentations des deux invités de Bernard Grimm, à l’occasion de ce webinaire sur la blockchain, ont donné lieu à des discussions autour de plusieurs sujets. Agnès Hugot et Philippe Guguen se sont notamment exprimés sur la traçabilité, la solvabilité et la transparence, mais également sur l’intégrité du contenu présenté à travers les fiches produits par exemple.

Les participants au webinaire se sont également exprimés sur :

  • Les différentes blockchains, à savoir les blockchains privées, semi-privées et publiques, et le risque de perte de traçabilité en raison du nombre de systèmes existants ;
  • La crainte, de la part des États, de ne plus maîtriser les informations ;
  • L’attentisme, de la part de bon nombre d’États, qui peinent à s’engager et se montrent réticents à participer à la « révolution blockchain » ;
  • La notion de confiance dans un système de blockchain ;
  • La difficulté de choisir une blockchain.
  • « Wait & See » ou « Test & Learn » ? C’est la question que posent Agnès Hugot et Philippe Guguen en conclusion de ce webinaire consacré à la blockchain.

Pour découvrir leurs points de vue, leurs expériences autour d’aspects pratiques liés à la blockchain, nous vous invitons à voir ou à revoir ce passionnant webinaire proposé par Valtus, leader européen du management de transition.

 

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