« 50 is the new 30 », « Périmé sur le marché du travail à partir du 2/11/2023 », « L’expérience, c’est leur puissance »… Les campagnes de communication successives mises en place par l’APEC en disent long sur le chemin qu’il reste à faire pour valoriser les profils seniors. Pourtant, lorsque le contexte économique s’assombrit, que l’actualité géopolitique amplifie les complexités existantes ou qu’un secteur subit un bouleversement majeur, les entreprises tendent à redécouvrir la valeur ajoutée de ces professionnels expérimentés.
Dans un environnement caractérisé par sa volatilité, les seniors apportent une capacité de discernement essentielle ainsi qu’un vécu unique. Leur présence constitue un facteur d’équilibre qui atténue les fragilités.
L’expérience, accélérateur de discernement
Un grand nombre d’entreprises font face à des situations soit inédites, soit rares dans leur cycle de vie. Qu’il s’agisse d’un transfert d’unités de production, de la mise en place d’un nouvel ERP, d’une cession d’activités devenues non rentables ou encore d’une augmentation des tensions sur la trésorerie, il s’avère parfois vital de pouvoir s’appuyer sur un expert qui a déjà vécu une situation similaire, souvent à plusieurs reprises.
Un professionnel senior a développé cette intelligence situationnelle précieuse qui se construit uniquement sur la durée, tout au long d’une carrière, à travers les cycles économiques et les transformations successives. Lorsqu’un dirigeant fait appel au management de transition, c’est précisément parce que l’urgence exige un regard aguerri, qui voit venir les pièges et sait décider vite et juste.
Cette agilité décisionnelle, amplifiée par l’expérience, est d’ailleurs reconnue. 38 % des actifs estiment en effet que les seniors prennent des décisions plus rapidement et efficacement. Plus révélateur encore, 44 % considèrent qu’ils anticipent mieux les difficultés ainsi que les implications d’une décision1.
Le sang-froid, super-pouvoir sous-évalué
Restructurations de dette, réponse à une cyberattaque, adaptation à des ruptures d’approvisionnement impactant la chaîne de valeur… Pour traverser une crise, la capacité à garder la tête froide sans céder à la panique est indispensable.
Pourtant, cette aptitude à préserver sa lucidité lorsque tous les voyants semblent virer au rouge, à prendre du recul pour poser des décisions éclairées n’est que rarement innée. Bien plus qu’un simple trait de personnalité, il s’agit d’une compétence qui se cultive, au fil des crises surmontées et des défis relevés. Là encore, l’expérience fait toute la différence. Ce n’est donc pas fortuit si 33 % des actifs jugent les professionnels expérimentés comme significativement plus sereins face à une situation de crise ou d’imprévu1.
Sans expérience, pas de résilience
À l’heure d’une transition démographique irréversible, peut-on raisonnablement se priver des compétences d’un pan entier de talents au seul motif de l’âge ? Faut-il se résoudre à signer perpétuellement des chartes en faveur du travail des seniors pour réaffirmer la valeur fondamentale de l’expérience ? La sous-utilisation des compétences des seniors n’est autre qu’une opportunité manquée. Si près d’un quart des entreprises ont déjà mis en place des dispositifs de liens intergénérationnels2, cette avancée reste encore largement insuffisante.
Passons à la vitesse supérieure, comme nous nous y employons quotidiennement en tant que spécialistes du management de transition. Pour piloter l’incertitude avec assurance, incarner la stabilité dans un environnement changeant, puis bâtir des organisations capables d’absorber les disruptions actuelles ou futures, les entreprises ont besoin d’être épaulées par celles et ceux qui ont déjà l’expérience des turbulences multiples.
Les seniors ne représentent pas simplement une solution de dernier recours en réponse à une crise ; ils constituent le capital d’expérience sur lequel chaque entreprise doit pouvoir compter pour affronter l’imprévisibilité, ou pour accélérer une transformation complexe.
1 Consultation sur l’emploi des salariés expérimentés, étude Ipsos 2025
2 Le travail en transitions, enquête Elabe/Unédic, Mai 2025
