L’économie française à l’orée 2026 : entre prudence et perspectives

économie française
24 Oct 2025

 

Instabilité politique, imprévisibilité américaine, attentisme des ménages et des entreprises… L’économie française traverse une période singulière, marquée par des contradictions qui témoignent de fragilités conjoncturelles mais aussi de forces de renouvellement non négligeables. Plusieurs signaux encourageants émergent en effet, portés par la résilience de certains secteurs d’activité et l’amélioration progressive des fondamentaux macroéconomiques de la croissance française. 

 

Des paradoxes révélateurs des tensions économiques actuelles

Exacerbées par l’incertitude politique et commerciale actuelle, des tensions ambivalentes animent le tissu économique national.

Le paradoxe de la consommation illustre parfaitement cette situation : alors même que les Français bénéficient d’un pouvoir d’achat préservé par une inflation particulièrement modérée (estimée à 1 % en 2025 (1), l’une des plus faibles d’Europe), ils continuent à faire preuve de prudence, leur taux d’épargne ayant atteint 18,9 % au deuxième trimestre 2025 (1) soit son niveau le plus élevé depuis la fin des années 1970.

Autre contradiction, cette fois du côté de la démographie entrepreneuriale, dont les maillons sont actuellement très contrastés : les défaillances d’entreprises poursuivent leur progression, ayant franchi un niveau estival record de 14 371 enregistrées au cours du 3ème trimestre 2025. Une dégradation qui affecte notamment les PME et les entreprises de plus de 100 salariés (2). Mais cette tendance s’accompagne simultanément d’un mouvement de renouvellement entrepreneurial remarquable : la création d’entreprises continue d’augmenter, avec plus de 570 000 créations au premier semestre 2025 (3), dépassant significativement la moyenne quinquennale. Une vitalité portée principalement par la capacité d’adaptation des acteurs du commerce de détail, du transport, des services aux entreprises et de l’immobilier.

Ces paradoxes illustrent ainsi la dualité d’une économie française en transition, où cohabitent prudence excessive et dynamisme créateur, fragilités conjoncturelles et forces de rebond.

 

Des signaux économiques potentiellement favorables aux perspectives 2026, malgré un environnement complexe

En dépit de ce contexte économique, plusieurs indicateurs laissent entrevoir une amélioration graduelle de la conjoncture française pour les mois à venir :

  • Un taux de croissance résilient selon les dernières projections de la Banque de France, avec une progression estimée à 0,7 % en 2025, suivie d’une accélération modérée mais soutenue à 0,9 % en 2026, puis à 1,1 % en 2027 (1). Cette dynamique s’adosse à l’augmentation progressive de la consommation des ménages, et à la reprise attendue de l’investissement privé.
  • Une inflation maîtrisée, atout de l’économie française dans une zone euro très inégale : après avoir culminé à 5,7 % en 2023 puis reflué à 2,3 % en 2024, l’inflation devrait poursuivre sa décrue pour s’établir à 1,0 % en 2025, puis remonter graduellement vers 1,3% en 2026 et 1,8% en 2027 (1).
  • L’amélioration du pouvoir d’achat des ménages, du fait de cette modération des prix combinée à la progression des salaires nominaux. Cette dynamique favorable devrait progressivement lever les freins qui pèsent sur la consommation et contribuer à la normalisation du taux d’épargne, créant un cercle vertueux pour la demande intérieure.
  • Une stabilisation du marché de l’emploi dont les tensions sur le recrutement s’atténuent progressivement dans l’ensemble des secteurs d’activité, tandis que les déclarations préalables à l’embauche en CDI repartent à la hausse depuis la fin 2024 (à l’exception du secteur de la construction). Le taux de chômage devrait quant à lui se stabiliser autour de 7,5 % en 2026 avant de diminuer légèrement à 7,4 % en 2027, témoignant d’un marché du travail en voie de stabilisation (4).

Ces évolutions favorables créent un environnement propice au regain de dynamisme de certains secteurs d’activité.

 

Les relais sectoriels de croissance française qui se distinguent fin 2025

Industrie aéronautique : une filière en plein essor

Malgré le contexte international, lactivité industrielle française a progressé au cours du premier semestre 2025, enregistrant une création de valeur ajoutée de +0,5 % par rapport au second semestre 2024 (5). L’indice PMI manufacturier est quant à lui repassé au-dessus du seuil d’expansion en août 2025 (5), et ce pour la première fois depuis janvier 2023, signalant un retournement de tendance significatif.

Cette résilience du premier semestre masque toutefois de fortes disparités sectorielles, et est principalement portée par le dynamisme exceptionnel de l’aéronautique et du spatial, dont les carnets de commandes restent élevés à la différence de nombreux autres secteurs industriels. Malgré les difficultés d’approvisionnement persistantes qui concernent 20 % des entreprises du secteur, l’aéronautique a d’ailleurs enregistré une hausse remarquable de production de +26,7 % en juin 2025 (6). Une dynamique qui promet de s’amplifier dans les prochains mois ainsi qu’en 2026.

Le tourisme continue de profiter du rayonnement mondial français

Le premier semestre 2025 a confirmé l’attrait croissant de la France en tant que destination internationale ; une performance qui compense la désaffection touristique actuelle des Français, et qui a généré plus de 21 millions d’euros de recettes sur cette période (8 % de plus qu’en 2024) (7).

Le solde du tourisme international s’établissait à +4 milliards d’euros à la fin du 1er semestre 2025, en hausse remarquable de 25,4 % sur un an. Cette tendance s’est d’ailleurs confirmée durant la période estivale, qui a enregistré une augmentation des arrivées aériennes internationales de 2,5 % par rapport à l’été dernier (8). L’hébergement bénéficie particulièrement de cette fréquentation touristique élevée, notamment de la clientèle étrangère dans l’hôtellerie de luxe. Fort de ces résultats encourageants, le secteur se montre confiant dans sa capacité à atteindre l’objectif ambitieux de 100 milliards d’euros de recettes annuelles d’ici 2030 en matière de tourisme international.

Le bâtiment se redresse progressivement

Après 3 années de fort repli qui ont profondément marqué le secteur, l’immobilier montre des signes de redémarrage : l’investissement des ménages et des entreprises a entamé sa reprise, notamment dans le segment du résidentiel neuf qui retrouve progressivement des couleurs. Les mises en chantier et les permis de construire affichent une progression encourageante, aussi bien dans le logement collectif qu’individuel, et les prévisions de ventes dans le diffus promettent une envolée de 41 % dans les prochains mois (compensant ainsi la perte de vitesse de la promotion immobilière) (9). Enfin, et malgré le recul des investissements dans l’immobilier tertiaire, le neuf non résidentiel montre lui aussi des signes de rebond grâce à la demande industrielle, notamment issue des secteurs des datacenters, de l’énergie et de la défense.

Une filière nucléaire en accélération sans précédent

Générant aujourd’hui 47,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires (10), le secteur nucléaire amorce, et pour plusieurs années, une montée en puissance historique du fait du lancement de la construction des nouveaux EPR2. Cette augmentation d’activité concerne les 2000 acteurs de la filière, exploitants mais aussi et surtout fournisseurs et sous-traitants des segments spécialisés comme transverses (génie civil-supportage, électricité, chaudronnerie, machines tournantes, etc.), dont l’augmentation de l’activité estimée à + 25 % d’ici 2030 (11).  

Dans ce contexte économique marqué par l’incertitude, le management de transition offre aux entreprises, quel que soit leur secteur, l’agilité nécessaire pour transformer les défis actuels en avantages concurrentiels durables. Accompagnement des entreprises en difficulté, pilotage des transformations nécessaires à l’adaptation aux mutations du marché, ou encore maintien de la croissance dans les secteurs porteurs : le soutien des managers de transition constitue un levier stratégique, dont la mobilisation est souvent décisive. 

 

(1) Banque de France, Projections macroéconomiques intermédiaires, Septembre 2025.

(2) Altares, Étude de défaillances et sauvegardes des entreprises en France – T3 2025.

(3) Observatoire Bpifrance, Les créations défient la conjoncture au S1 2025, septembre 2025.

(4) Dares, La situation sur le marché du travail au 2e trimestre 2025, août 2025.

(5) Direction Générale du Trésor, Flash conjoncture France – Perspectives dans l’industrie manufacturière en 2025, septembre 2025.

(6) Insee, En juin 2025, la production manufacturière est en forte hausse (+3,5 %), Informations rapides n° 196, août 2025.

(7) Atout France, Tourisme en France : la dynamique de 2024 se confirme au premier semestre 2025, juin 2025.

(8) Ministère chargé du tourisme, Tourisme en France : bilan de la saison estivale 2025, Communiqué de presse septembre 2025.

(9) Fédération Française du Bâtiment, Tendances récentes du bâtiment, octobre 2025.

(10) Groupement des Industriels Français de l’Énergie Nucléaire, Rapport d’activité 2024.

(11) Groupement des Industriels Français de l’Énergie Nucléaire, Programme MATCH, Note remise au gouvernement, 2023.

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