
Introduction
Le management de transition s’impose en Europe comme un levier stratégique pour les entreprises confrontées à des enjeux complexes de transformation, de crise ou de relais managérial. Les données issues de plusieurs études récentes permettent de dresser une cartographie détaillée des secteurs concernés et des fonctions mobilisées, en France et dans différents pays européens. Cette synthèse met en évidence à la fois les spécificités nationales et les tendances communes qui structurent le marché.
1. Vue d’ensemble européenne
1.1. Les secteurs dominants : l’industrie en tête, les services en progression
Au niveau européen, l’industrie concentre près de 50 % des missions de management de transition, suivie par les services autour de 28 à 32 %, selon les pays [1]. Le secteur public représente une part plus réduite (de 6 à 16 % selon les marchés), mais progresse régulièrement [1].
1.2. Les fonctions clés : directions générales et fonctions financières
La direction générale (DG) est la fonction la plus sollicitée partout en Europe : elle pèse environ 50 à 55 % des missions selon les pays [1]. La finance suit, avec une part comprise entre 12 et 16 % [1]. La situation française est différente : selon le Baromètre Managers S1 2025 de France Transition [2], c’est la finance qui occupe la première place, devant la Direction industrielle et la Direction des Ressources Humaines. Ce renversement témoigne du rôle majeur des directions financières dans un contexte marqué par la gestion de trésorerie, le financement des transformations et la sécurisation des équilibres économiques. La France se distingue ainsi du reste de l’Europe, où la DG conserve encore sa primauté.
Les fonctions opérations, RH et IT varient davantage selon les contextes nationaux, oscillant entre 5 et 12 % chacune [1].
1.3. Les tendances émergentes : digitalisation, IT, IA et RSE
Au-delà de ces constantes, les études soulignent une montée en puissance des missions de management de transition liées à la digitalisation, l’intelligence artificielle et la cybersécurité [1]. La RSE et la conformité réglementaire apparaissent également comme des champs de développement croissant pour les managers de transition [1].
2. Focus par pays
2.1. France : un marché dominé par l’industrie
En France, le marché du management de transition recule de 4 % au S1 2025, malgré une hausse de missions démarrées. Le management relais reste majoritaire (45 %) mais diminue, tandis que les missions de transformation progressent (24 %).
- Secteurs : L’industrie domine avec 46 % des missions (manufacturières et de process 32 %, aéronautique 8 %, énergie 6 %). Les services progressent (25 %), la distribution recule (8 %) [2].
- Fonctions : Les missions concernent surtout la direction industrielle (20,1 %), la finance (16,3 %) et les RH (15,8 %). Suivent les systèmes d’information (10,2 %) et la direction générale (8,9 %). [2].
- Spécificités : Les ETI concentrent 46 % des missions, les PME/startups 14 %, le non-marchand 9 %. Managers : 71 % hommes, 54 % âgés de 50–59 ans. Durée moyenne : 6,6 mois au premier semestre 2025. [2].
2.2. Allemagne : industrie automobile et ingénierie au premier plan
En Allemagne, l’industrie est historiquement dominante, en particulier dans l’automobile et l’ingénierie.
- Secteurs : l’industrie reste prépondérante, notamment l’automobile et les secteurs technologiques. Le secteur public est en progression [3].
- Fonctions : la DG domine, suivie des fonctions techniques et financières [3].
- Spécificités : l’Allemagne se distingue par une forte orientation vers la digitalisation et la technologie. Les rémunérations y sont supérieures à la moyenne européenne [3].
2.3. Espagne : essor des services et rôle croissant du secteur public
En Espagne, la dynamique du management de transition s’oriente vers la diversification sectorielle et fonctionnelle.
- Secteurs : l’industrie occupe une place importante, mais les services connaissent une croissance rapide. Le secteur public progresse également [4].
- Fonctions : les RH et la gestion du changement apparaissent comme des fonctions en forte demande, à côté des missions de DG et de finance [4].
- Spécificités : la durée moyenne des missions atteint 13,3 mois en 2024, contre 11,5 mois en moyenne en Europe, ce qui place l’Espagne parmi les pays où les missions sont les plus longues [4].
2.4. Suisse : une majorité de missions dans les PME et une forte représentation du secteur public
En Suisse, le marché du management de transition se distingue par la place centrale des PME et un poids relativement fort du secteur public.
- Secteurs : les PME concentrent 60 % des missions, le secteur public 16 %, et les start-up 11 % [5].
- Fonctions : les fonctions de C-level (DG, DAF, etc.) représentent environ 66 % des missions, tandis que les projets opérationnels pèsent 27 % [5].
- Spécificités : la Suisse se distingue par des missions plus longues que la moyenne européenne [5].
2.5. Italie : domination des PME industrielles et diversité fonctionnelle
En Italie, le marché du management de transition est dominé par les PME industrielles, mais présente aussi une grande variété de fonctions mobilisées.
- Secteurs : l’industrie concentre 45 % des missions, les services 32 %, la finance 12 %, le public 6 %, les start-up 3 % [6].
- Fonctions : la DG occupe 54 % des missions, la finance 14 %, les opérations 12 %, les RH 8 %, l’IT 6 %, les achats 3 % et les ventes 3 % [6].
- Spécificités : le TJM se situe entre 850 et 1 250 €, avec des missions orientées vers la transformation et l’amélioration de la performance [6].
2.6. Pologne : équilibre industrie/services et poids relatif de la finance
En Pologne, le marché reflète un équilibre entre industrie et services, avec un rôle notable de la finance.
- Secteurs : l’industrie concentre 48 %, les services 28 %, la finance 9 %, le secteur public 8 %, les start-up 7 % [7].
- Fonctions : la DG représente 52 %, la finance 16 %, les opérations 11 %, les RH 7 %, l’IT 5 %, les achats 4 % et les ventes 3 % [7].
- Spécificités : le TJM varie entre 800 et 1 200 €, et les missions sont particulièrement centrées sur la restructuration et le redressement financier [7].
3. Convergences et évolutions
3.1. Points communs : industrie et direction générale et direction financière dominantes
Dans tous les pays étudiés, l’industrie reste le secteur de référence. Sur le plan fonctionnel, la direction générale conserve un rôle central, mais la direction financière s’affirme également comme l’une des principales fonctions du management de transition en Europe, et occupe même la première place en France [1][2][3][4][5][6][7].
3.2. Spécificités nationales : des nuances sectorielles et fonctionnelles
Chaque pays présente des spécificités : en France, la finance est la première fonction en 2025 [2] ; en Suisse, la prépondérance des PME (60 %) [5] ; en Italie et Pologne, une répartition plus détaillée et diversifiée des fonctions [6][7].
3.3. Perspectives : l’essor des fonctions support et de la transformation digitale
À l’échelle européenne, on observe une montée des missions de management de transition orientées digitalisation, IT, IA, cybersécurité et RSE [1]. La part de la transformation atteint environ 30 % des missions, le management relais 25 %, la crise 15–20 %, et les projets 15 % [1].
Sources
[1] INIMA (2025) – Europe Survey Report 2025. International Network of Interim Manager Associations (INIMA), Europe.
[2] France Transition (2025) – Communiqué de presse Baromètre S1 2025
[3] DDIM (2025) – DDIM Marktstudie 2025. Dachgesellschaft Deutsches Interim Management e.V., Allemagne.
[4] Estudio de Mercado INIMA +Interim Espana 2025. Asociación de Interim Management España, Espagne.
[5] INIMA (2025) – Survey 2025 – Switzerland. International Network of Interim Manager Associations (INIMA), Suisse.
[6] INIMA (2025) – Survey 2025 – Italy. International Network of Interim Manager Associations (INIMA), Italie.
[7] SIM (2025) – Raport 2025 – Badanie Rynku Interim Management w Polsce. Stowarzyszenie Interim Managers (SIM), Pologne.