Entre les risques de pénurie d’énergie et l’envolée des coûts, les exigences de sobriété énergétique pèsent plus que jamais sur les entreprises. Dans quelle mesure peuvent-elles faire de cette contrainte une opportunité ? C’est dans ce contexte que Valtus a souhaité être partenaire, aux côtés de la banque Mirabaud, du quatrième dîner Nantais des entreprises. Le 7 novembre dernier, quatre associés Valtus était au rendez-vous pour ce moment de débat et d’échanges en compagnie d’une vingtaine de dirigeants, organisé par le Journal de Entreprises : Bertrand Falcotet, Emmanuel Fretti, Emmanuel Gendre et Yves Mégret.
Des dirigeants réunis pour partager leur retour d’expérience en matière de sobriété énergétique
Ce nouveau dîner des entreprises s’est ouvert sur une table ronde animée par Philippe Flamand, Rédacteur en chef du Journal des Entreprises. Après le mot d’accueil de Bertrand Falcotet, associé Valtus, et Stéphane Jaouen, Directeur Général de la banque Mirabaud, quatre dirigeants étaient invités à témoigner. Quelles solutions pour faire face à l’explosion des factures énergétiques ? Comment investir dans des économies d’énergie ? En quoi ces investissements sont-ils porteurs de valeur en termes de RSE ? Autant d’interrogations auxquelles les intervenants tenteront de répondre. Parce que les organisations doivent s’adapter toujours plus rapidement à de nouvelles donnes, Bertrand Falcotet introduit le débat en constatant que la transformation fait désormais partie intégrante du quotidien des entreprises.
Lumière sur les intervenants de la table ronde
> Sylvie Casenave-Péré, Présidente de Posson Packaging
Avec 80 années d’existence, Posson Packaging emploie aujourd’hui environ 115 personnes et fabrique quotidiennement plus de 2 millions d’emballages en carton, avec 5000 références totalement différentes par mois. Premier plus gros site industriel français dans le domaine de l’emballage et de la technologie offset, Posson Packaging réalise un chiffre d’affaires annuel d’environ 30 M€.
> Jean-Paul Chapron, PDG de ASI
ASI est un cabinet d’expertise numérique basé à Nantes. Aujourd’hui, l’entreprise de 500 collaborateurs dispose de 30 ans d’expérience et réalise 43 M€ de CA par an.
> Éric Yvain, Directeur Général de Saunier Duval
Forte de plus d’un siècle d’existence, Saunier Duval est spécialiste de la fabrication de chaudières et de pompes à chaleur. Membre du groupe allemand Vaillant, l’entreprise emploie un millier de collaborateurs et génère un peu plus de 300 M€ de CA annuel. Plus de 70 % de ce chiffre d’affaires est réalisé à l’export, dans 28 pays. Avec une présence dans 65 pays, le groupe dispose de 9 sites industriels.
> Erwan Coatanea, PDG de Sodistra
Fabricant de solutions de traitement d’air et de grosses climatisations pour l’agroalimentaire, Sodistra emploie 50 personnes et réalise 13 M€ de chiffre d’affaires chaque année.
La hausse des tarifs de l’énergie, un facteur d’accélération de la sobriété énergétique des entreprises
Si toutes les entreprises ne sont pas impactées de la même manière, l’année 2023 sera très largement placée sous le signe de la hausse, souvent spectaculaire, du coût de l’énergie. Dans l’industrie, l’envolée s’avère vertigineuse. Posson Packaging voit sa facture multipliée par 5 pour le gaz et par 3 pour l’électricité. Quant à Saunier Duval, son budget électricité passera de 380 000 € par an à 2,3 millions d’euros en 2023. Sa facture de gaz augmentera également de 100 000 €.
Durant la crise sanitaire, Sodistra a renégocié ses contrats d’énergie avec une facture ramenée à 80 000 € par an. L’entreprise va ainsi pouvoir continuer à bénéficier de ce tarif pendant encore 2 ans. En signant aujourd’hui des contrats équivalents, la facture serait, selon Erwan Coatanea, multipliée par 10. Pour autant, le pessimisme ne gagne pas les dirigeants. « Il faut somme toute relativiser, parce que quand on divise ce surcoût d’énergie par rapport à notre chiffre d’affaires, cela reste quand-même supportable » temporise Éric Yvain.
Pour les entreprises du tertiaire comme ASI, l’augmentation des factures d’énergie s’avère bien entendu un peu moins brutale. Jean-Paul Chapron estime toutefois que ces entreprises prennent – et doivent prendre – part à « l’effort de guerre » en termes de sobriété énergétique. Si le numérique ne représente que 3 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre, l’évolution négative peut s’avérer très rapide, en l’absence de réaction.
Réagir face à ce changement majeur
Posson Packaging et Saunier Duval répercutent l’intégralité des hausses à leurs clients, qui acceptent relativement aisément ces augmentations tarifaires. Selon Sylvie Casenave-Péré, les emballages en carton n’ont pour les clients aucune valeur financière mais sont toutefois absolument indispensables à leur supply chain. Au final, l’inflation leur paraît assez négligeable. Éric Yvain constate lui aussi que les clients, connaissant le contexte d’augmentation du coût des composants et de l’énergie, se montrent assez compréhensifs.
En à peine une semaine, Posson Packaging a construit un plan de sobriété énergétique. De nouveaux investissements effectués dans l’usine ont largement facilité ce travail. Sylvie Casenave-Péré estime que « les contraintes sont aussi autant d’opportunités pour rebondir et toujours se remettre en question ». « Le plan de sobriété, on ne s’y attendait pas mais nous en avons fait une opportunité pour essayer d’optimiser nos process » poursuit-elle. Chez Saunier Duval, il s’agit notamment de viser une baisse de la consommation de gaz en 2023, avec un passage de 5,6 à 5 GWh.
Les entreprises n’ont pas attendu la sobriété énergétique contrainte pour préparer l’avenir.
Anticiper est le maître mot. Les quatre dirigeants invités à témoigner avaient tous initié depuis longue date, une démarche RSE au sein de leur entreprise. « Je pars du principe que je préfère anticiper mes propres solutions face aux contraintes que d’attendre des solutions » explique Erwan Coatanea. La proactivité est clairement de mise, avec une vraie volonté de mettre en place des solutions durables. Chez Saunier Duval, une conviction forte : les entreprises seront prochainement taxées pour leur consommation. Il n’est donc pas question d’attendre de probables obligations imposées par le gouvernement pour investir dans la RSE et la transition énergétique.
De multiples investissements et initiatives en faveur de la sobriété énergétique et numérique
À l’origine des innovations et investissements, au-delà de l’impératif de réduction des coûts : l’ambition de réduire l’impact des process industriels sur l’environnement et une aptitude à appréhender l’avenir en adoptant une vision long-terme.
| Entreprises | Exemples d’investissement/initiatives |
|---|---|
| Posson Packaging |
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| ASI |
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| Saunier Duval |
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| Sodistra |
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Quelques résultats probants
- Avec la mise en place de son plan de sobriété énergétique, Posson Packaging parvient à réduire de 10 % ses consommations énergétiques.
- En l’espace de 15 ans, Saunier Duval a divisé par 5 sa consommation d’électricité, par 3 celle de gaz et par 15 sa consommation d’eau.
- ASI a divisé par plus de 4 la consommation de son site internet. Les pages du site font désormais moins de 400 kilos octets, un chiffre très largement inférieur à la moyenne.
- Sodistra a réduit de 40 % sa dépendance à EDF.
La sobriété énergétique des entreprises, un enjeu RH
Plusieurs dirigeants invités reconnaissent qu’une part croissante de salariés choisissent les entreprises qui incarnent le futur. Éric Yvain voit venir des jeunes diplômés qui aspirent à intégrer une entreprise qui est la clé de voute de la transition énergétique. Ainsi, pour attirer et fidéliser les talents, accélérer le mouvement en faveur de la protection de la planète est désormais incontournable. « Nous n’avons pas de commerciaux, seulement des techniciens. Notre mode de développement, c’est le savoir-faire », déclare Sylvie Casenave-Péré. Miser sur une démarche RSE ambitieuse pour conserver notamment ces précieuses compétences prend ici tout son sens. Chez ASI, tous les collaborateurs sont invités à participer à des ateliers d’experts de référence sur différents sujets de sobriété énergétique, en lien avec l’ensemble des métiers de l’entreprise.
Sodistra envisage de transformer le résultat de sa sobriété énergétique, à savoir la production d’un surplus de courant électrique pendant le week-end ou au mois d’août, en une forme d’avantage en nature. Plutôt que de revendre du courant électrique à EDF à un tarif très bas, Erwan Coatanea réfléchit à un projet de consommation collective. Il envisage d’adresser son surplus de courant à ses salariés dans un rayon de 10 km. Et ce à un prix défiant toute concurrence.
Pour conclure
« Dans toute crise, il y a toujours des opportunités business » affirme Jean-Paul Chapron. Mais la crise énergétique, aussi brutale soit-elle, crée aussi et surtout de multiples opportunités d’accélération de la sobriété énergétique, grâce à l’innovation voire même… l’imagination.
